L’Âne Bête

(Ce conte folklorique ouzbek a été traduit pour vous plonger dans la richesse de la culture ouzbèke, par le talentueux traducteur Abdumalik Muminov)

Il était une fois un âne qui se considérait comme très intelligent. Un jour, l’âne entra dans un jardin et y vit les fruits dans les arbres, tandis que dans le champ, les melons, les pastèques et les courges étaient mûrs.

L’âne, les yeux écarquillés d’émerveillement, observa ces merveilleux cadeaux de la nature et, en remuant ses longues oreilles, s’exclama avec un mélange d’admiration et de scepticisme :

“La nature a tout créé avec grande sagesse, mais peut-être que la taille des choses pourrait être différente.”

Soudain, un petit moineau, perché d’un air indifférent sur une branche à proximité, entendit les paroles de l’âne et, sans détour, lui demanda directement :

“Eh bien, mon ami, qu’est-ce qui te semble inapproprié dans ces fruits ?”

“Ne le vois-tu pas ?” – s’écria l’âne en montrant du sabot les pommes et les courges. – “Regarde, ces pommes, qui viennent d’un arbre imposant, sont de la taille d’un poing de bébé, et vois ces courges, presque aussi grandes que ma tête, suspendues à des tiges si fragiles…”

“Mon ami,” – répondit le moineau, “c’est là toute la sagesse de la nature.”

L’âne, maintenant plus intrigué qu’auparavant, réfléchit : “Et quelle est exactement cette ‘sagesse’ dont tu parles ?”

“Tu vois,” – répondit le moineau d’un ton énigmatique, “parfois, la grandeur ne réside pas dans les dimensions, mais dans la manière dont les choses s’intègrent dans leur environnement.”

“Ah, je comprends,” – murmura l’âne. – “Alors, si ces pommes étaient de la taille des courges et que les courges étaient petites comme les pommes, ce serait une perfection absolue !”

Cependant, au moment où l’âne prononça ces mots, une pomme se détacha de l’arbre et tomba directement sur sa tête, émettant un son sonore et surprenant de “Tuk”.

“Ouch, ma tête !” – s’écria l’âne, étourdi par la douleur – “elle aurait presque fendu ma tête en deux !”

Le moineau, incapable de se retenir, éclata d’un rire mélodieux et commenta avec sarcasme : – “Heureusement, mon ami, cette pomme avait la taille d’une pomme et non d’une courge, sinon, elle aurait détruit ta petite tête.”

L’âne, un peu honteux mais plus sage, hocha la tête et s’éloigna du pommier avec une leçon apprise, même si sa tête était un peu endolorie. Depuis ce jour, l’âne, qui autrefois se considérait comme le plus intelligent, comprit que la vraie sagesse ne réside pas seulement dans la taille, mais dans l’équilibre et l’harmonie du monde qui l’entoure.